Nous avons tous croisé quelqu’un dans notre vie qui a prononcé ces mots : “oh mais que tu as grandi, quand je pense que je t’ai rencontré, tu n’étais pas plus grand(e) que ça”. C’est un peu caricatural, mais c’est un peu ce qui s’est passé lorsque j’ai retrouvé Ophélie Moris sur Linkedin. Ophélie a été mon étudiante pendant un an, et depuis, elle a créé un blog influent : La Bengale sur la thématique du tourisme et des voyages. Elle a eu la gentillesse de répondre à quelques une de mes questions. Sa vision sur le digital, les réseaux sociaux, le blogging et leur relation avec les entreprises est d’une pertinence et d’une maturité rare pour quelqu’un qui n’a que 25 ans !
Lorsque je découvre son compte Instagram, mes yeux s’écarquillent : 24.000 followers. Elle m’apprend ensuite que son blog fait plusieurs milliers de vues chaque mois. Je me dis que j’ai loupé une étape, comment l’étudiante discrète et brillante que j’ai connu, a pu devenir aussi rapidement une infuenceuse reconnue ? Quand on décide à donner des cours, on a en tête l’envie et l’espoir que l’élève dépasse le maître, mais aussi vite, et même si la barre n’était pas si haute, Ophélie m’a impressionné...
La naissance du Blog
Impala Webstudio : Avant de commencer, peux-tu me dire ce qui t’a motivé à lancer ce blog ? As-tu toujours été passionnée de voyages et d’écritures ? Y a-t-il eu un déclic en particulier ?
Ophélie Moris : Toujours. Je voyageais au départ en Europe et en 2013, j'ai fait mon premier voyage en sac à dos en Thaïlande, loin de l'esprit fêtes et full moon, je voulais découvrir la culture et rencontrer les gens. Suite à ce voyage, je voulais aller partout. Je suis partie seule au Canada, à New York, je suis allée au Vietnam, au Cambodge... L'écriture aussi, j'ai fait un BTS Communication parce que j'ai été refusée dans un BTS info com. Du coup, tous les travaux que je devais rendre je les tournais en article, format magazine, même les Powerpoint ! Et puis ensuite j'ai fait ma spécialisation en journalisme, tout en gardant mon style d'écriture. Je voyageais beaucoup et j'avais envie de matérialiser le tout pour garder une trace de mes voyages et aider les gens à faire des choix, leur donner des idées d'itinéraires, de lieux où dormir et surtout les faire rêver. Au début, c'était aussi pour faire le récit de mes voyages à ma famille sans avoir à écrire une carte postale à tout le monde.
Pourquoi avoir choisi le nom “La Bengale” ? Y a-t-il un lien avec le tigre ou la région du même nom ?
Oui ! Je voulais un nom qui fasse penser au voyage, quelque chose d’assez doux et sauvage à la fois pour me désigner (je crois ?) et je suis partie là dessus. J'ai mis 5 minutes à choisir, c'était une évidence. J'ai rajouté un petit "La" et le tour était joué.
Tu voyages énormément grâce à ton blog, qu’est-ce qui t’a poussé à adopter ce mode de vie nomade ? Ta vie traditionnelle ne te manque-t-elle pas ?
J'ai toujours eu la bougeotte pendant mes études, je suis allée à Troyes, Lyon et Paris mais j'avais aussi fait une alternance à Lyon alors que j'étais à l'école à Troyes. Dès que j'ai commencé à voyager j'ai adoré. Quand je suis partie en Australie en janvier 2017, je me suis dit que je voulais faire ça. Voyager, travailler, voyager, travailler. Travailler dans le pays que tu découvres en même temps. C'est l'aventure, l'adrénaline, une drogue. Quant à ma vie plus traditionnelle, bien sûr qu’elle me manque. c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je fais des pauses au milieu de tous ces voyages. Je rentre en France, voir ma famille, mes amis et surtout je prends du temps pour moi. Voyager à temps complet, c'est épuisant. Quand je voyage et que je travaille pour des offices du tourisme ou des hôtels, oui je profite forcément des lieux et du pays mais je me lève à 5h pour avoir la meilleure lumière pour la photo, je passe des heures dans l'hôtel pour faire des shootings, je prends des notes au quotidien, j'écris parfois en même temps. Je bouge tous les jours, je ne reste (dans la plupart des cas) pas plus d'une nuit dans l'hôtel avec qui je collabore. Alors oui, parfois ça me manque. J'aime prendre du temps pour souffler et me retrouver.
“je me lève à 5h pour avoir la meilleure lumière pour la photo, je passe des heures dans l'hôtel pour faire des shootings”
La relation avec les marques
Penses-tu que les marques n'ont pas d'autres choix que de faire appel à des influenceurs ?
Ophélie : pour le moment oui, parce que ça fonctionne mais attention au trop plein de publicité. Quand je vais sur un compte Instagram, si l'influenceuse présente 4 produits en 1 minute dans sa story, elle perd mon attention et je passe à autre chose. Cela doit rester discret.
Est-ce que les marques viennent à toi ou est-ce toi qui les contacte ?
Au début c'était moi, maintenant cela vient plutôt d’elles. Je reçois environ 10 mails par jour de marques, d'agence de communication. Mais je refuse souvent leurs sollicitations. Si j'ai vraiment une marque en ligne de mire que j'adore, je la contacte. J'ai créé mon média kit et je me présente aux marques comme ça.
Est-ce que la création de contenus est la clé de la visibilité et l’image des marques sur Internet ?
Oui, aujourd'hui c'est un plus puisque les consommateurs adorent avoir l'avis d'une personne lambda avant d'acheter un produit. Malheureusement, aujourd'hui il y a de plus en plus de blogueurs. C'est devenu un métier à part entière et les consommateurs ne savent plus trop où regarder, où trouver les meilleurs avis puisque parfois ces derniers sont biaisés. La blogueuse est souvent payée pour parler d'un produit du coup, on ne sait plus si ce qu'elle dit est vrai, fondé ou non.
Justement, qu’est-ce qu’il fait que les internautes t’apprécient et te font confiance ?
Bonne question. On me dit souvent qu'on aime ma joie de vivre, mon naturel et mon côté "je ne me prends pas la tête, je profite". Je peux dormir dans un hôtel 5 étoiles à 1600 euros la nuit tout en postant une story où je ne me prends pas au sérieux du tout et le lendemain aller dans une auberge, dans une chambre de 16 personnes à 12 euros.
L’avenir du blogging et des réseaux sociaux
Arrives-tu à te projeter dans l'avenir ? Si oui, comment l'imagines-tu ?
J'ai envie de partager mes expériences, en faisant des conférences ou en donnant des cours. Mais j'ai aussi envie de continuer à voyager, travailler avec des marques et décrocher de plus en plus de contrats payés. Pour le moment, la plupart des contrats sont des échanges.
Comment vois-tu ton activité durer sur le long terme ?
Instagram n'est pas l'avenir. C'est d'ailleurs pour ça que je veux trouver des activités complémentaires, toujours en rapport avec le domaine. Cela va durer encore quelques années, mais il va y avoir une autre application ou un autre mode de partage, c'est évident. Je pense qu'Instagram arrivera bientôt à son maximum mais c'est un pressentiment, on verra au fil des années.
Quel est l'avenir du tourisme et des voyages selon toi ?
Ca va continuer de grandir, grandir grandir mais sincèrement, c'est un peu flou. Je pense qu’il va y avoir un boom quelque part mais je n’ai pas encore d’idée précise sur son origine et ses impacts.
Avec tous ces voyages, tu as encore des rêves à accomplir ? si oui lesquels ?
Un treck de quelques jours dans la Forêt Amazonienne, manger un avocat au sommet du Kilimandjaro et me marier en Toscane dans une petite ferme ou un château au bord d'un lac entouré de vignes à côté de Bolgheri (hyper précis je sais).
Pour conclure, je tiens à ajouter qu’Ophélie ne ressemble pas à ses nombreuses blogueuses qui se mettent autant en avant que les paysages et lieux qu’elles présentent. Elle a su conserver sa nature discrète en répondant aux codes de son activité. Elle se met en scène oui, mais avec pudeur, comme elle l’explique elle-même.
“Oui, je me mets en scène aujourd'hui mais si on fait attention à la photo et aux détails, on ne voit jamais mon visage. Je suis, soit de profil, soit de dos, soit de loin !”
Merci encore Ophélie… Je suis heureux de voir à quel point tu es épanouie. Et honoré d’avoir pu t’avoir en cours pendant ces quelques heures. Bonne continuation et rendez-vous à tous sur son compte instagram !